lundi 15 décembre 2008

deuxième thème: Partir... par YUGURTA

" Partir en fumée "

Oh comme j'envie ces gélules, suppositoires, comprimés et même tous ces suppôts supposés un jour savourer une liberté articulée hors de leur emballage de célophane !

Et quoi de plus juste en attendant l'heure de voir se déchirer les barreaux de leur cage en plastique pharmaceutique que de pouvoir lorgner le ciel, même flou, à chaque ouverture de boîte, de bouche ou d'anus ?

Moi qui suis enfermé, (que dis je ?) oublié, là depuis des lustres à récurer ma lampe de l'intérieur en nageant dans l'huile de grignon, sans témoin ni âme charitable, à en rêver du jour ou de la nuit, peu importe, où un sauveur apôtre viendra soulever le couvercle scellé par mon maître disparu et me libérer du joug de cette apostrophe éternelle.

Quid de ces rois mages ? Où sont donc passées mes viles sorcières qui quémandaient mes sévices au lucre gracieux sans commander un prompt retour et m'accordaient ces moments de luxe respirés en totale évasion ?

Des millénaires à me morfondre de revoir l'équation des étoîles sans désespérer de la venue de ces Sieurs d'une époque à la main baladeuse qui m'offriraient, une fois incommensurablement riches, de partir en fumée vers le firmament sans taxe d'essieu.

Au travers de cette paroi d'étain me cloîtrant tel l'esquimau dans son igloo, je vous suis tantôt d'un oeil tantôt de l'autre, manquant du souffle suffisant à soulever les nappes de poussière séculaire gisant dans cette arrière boutique hantée par vos reflets miroitants d'espoir derrière la lucarne de ma geôle.

Ils dirent d'Aladin qu'il fût un mythe et de ses trésors qu'ils n'existèrent point plus que ces mirobolants palais suspendus aux nuages.

Les rares partisans de la légende en raconteront les croustillantes épopées une fois promus dans cet au delà où, partis en promesse, ils tardent tant à arriver...

C'est que je comptais fermement que leurs souvenirs reviendraient d'outre tombe pour convaincre ceux là même qui doutent avant même de s'en être allés.

De mes états de détresse lancinante et de cette asphyxie sans répit ne subsiste encore quelque part que l'image de ce doux regard qu'en rêve j'aperçus me dédier mon salut.

Qui sait s'il existe vraiment sur cette Terre, cet ange qui, sans rien exiger en retour, me prendra la main le temps que je vacille dans mon envol halluciné vers le royaume des Djins et griffons?

Que quiconque puisse m'aider, j'hésite à le croire autant qu'un morceau de bois coincé dans le gésier d'une oie.

Ce sera Lui ou personne.

Et nulle incantation ne le faisant venir tout comme nulle tentation ne le ferait partir, je trépasse un instant, effaçant l'atterrante attente pour un moment de joie et d'espoir, fut il aussi futile qu'une promesse d'émeraudes et de saphirs à un parterre de tulipes en partance pour leur carafe de cristal.

2 commentaires:

Chess a dit…

Ces gélules, comprimés et suppositoires connaitront la liberté certes mais pour quelques secondes avant d'être consommés et détruites, et n'auront donc pas le temps de la savourer...
Mais toi tu attendra plus longtemps certes, mais ton Aladin, Roi ou prince charmant finira par apparaitre pour une liberté à l'éternité, chaque tunel a une fin et après chaque obscurité de la lumière :)

MG a dit…

Perspicacité est la tienne de croire aux choses plutôt qu'aux êtres emmurés vidés de toute nature et privés de toute action.Tu prêtes ton âme à l'inanimé car ton être est obligé et acculé à rester prisonnier,tu fais fuir le sournois insaisissable de ta pensée, le seul moyennant incarnation matérielle peut s'échapper sans crainte ni pesanteur pour aller interpeller les rebelles euphoriques des espaces et dimensions non réglementés.Certes c'est là le seul subterfuge de partir tout en étant obligé de rester juste le temps que ton astucieux boomerang revienne pour briser tes chaines.