mercredi 29 octobre 2008

premier thème: attente dans un bar... par habib al amrani

Au bar à Culs, da, dirait Poutine




Où donc irai-je noyer mon attente? Au bar Amine, non, trop peur de sauter, au bar à K, bof, je n'y crois pas trop, au bar "Ah, qu'au bas mat", là, je serais plutôt tenté, au bar Atteint, non, trop peur du sida, au bar à Tintin, non plus, Hergé est un foutu raciste facho, au bar BeQ, ça fait trop cowboy texan, trop Bush, au bar Dé de diplômes, non, j'aime pas qu'on se prenne trop au sérieux, au bar Riwhite, je l'adore, mais pourquoi réveiller les morts, au bar Tabac, non, j'ai arrêté de fumer, au bar A quai, non, je n'ai plus le ventre en forme de tablette de chocolat, et plus non plus la force de partir au loin, au bar Bar, trop de mâle à bar, au bar Bu, au bar bouze, non, j'ai horreur de cette engeance, mais au bar Biche, par contre... au bar Biturique, la tentation d'en finir serait trop grande, au bar Da, trop russe, trop Poutine, trop militaire, au bar Dot, j'aime pas trop les cyber BB, trop connes, zoophiles, anti-arabes, au bar Foot, ou au bar "ça", non trop dangereux par les temps qui courent, surtout si on est tagueur, au bar Aime, non, là, j'ai déjà trop donné, sans assez recevoir en retour, au bar Jo, ça me ressemble trop, au bar Ill, beurk, le pétrole et encore Bush, ce malade, au bar Mitsvah, boire un coup, à la mémoire de David, ma waaayli... là oui, sans doute, mais à la réflexion, je préfère me barrer et me bar...rica(r)der chez moi, où je pourrai me soûler la gueule en solitaire, car l'attente, je le sais, se serait sans doute soldée par un no show...

premier thème: attente dans un bar... par Yugurta

Lové dans la tiède moiteur de cette barrique oubliée au fond de la salle, avec le temps, il était passé maître dans l'art de discerner les jeux de jambes au travers de ces fissures complices, d'évaluer les appels sous les tables et d'imaginer ces convives chahutant ceints de ces pestilentiels relents de moules frites.

Tapi dans l'ombre d'un recoin, je l'observais depuis belle lurette, facsiné par ce chat vénérable tout droit sorti d'un camp de romanichels.

A chacune de mes virées vers ce lieu de perdition, je prenais soin de n'en rien laisser voir pour mieux apprécier ses indiscrétions trahies par les mouvements de sa queue dans l'obscurité de l'entonnoir.

Chaque soir, dolamment, il agrémentait ainsi son accoutumée atmosphère de bouteilles de bière brune, mate ou ambrée, blonde halée pétillante de mousse qui ne se lassaient jamais de se disputer l'espace entre les couverts.

Je me souviens de cette si belle époque où l'aubergiste bécotait encore sa gitane d'épouse sur le comptoir à la moindre occasion, avant qu'elle ne prenne la poudre d'escampette un soir sans avertir, laissant son félin tenir lieu de souvenir griffu.

C'est là que diffus il se mit aux gauloises et que la taverne fit confusément naufrage dans les volûtes de fumée de tabac noir.

Depuis, le matou ne désespère pas de la revoir entrer par la porte du saloon, perchée du haut de son mètre 90 sur ses talons aiguilles incroyablement silencieux.

Probablement que seul cet espoir de réintrusion de sa maîtresse volatile a maintenu en vie ce compagnon d'infortune à présent impitoyablement pourchassé par la nouvelle amante du gargottier, une ex habituée des lieux allergique à tout sauf aux espèces sonnantes et trébuchantes.

De temps à autre et sous l'effet des vapeurs éthérées de mon imagination, je traçais des plans sur la comète en espèrant la fin du calvaire de ce pilier de bar si poilu qu'aucun client ne s'en sortait indemne.

Alors que les avant dernières savates se traînaient vers la sortie, je savais que nul ne la remplacerait à ses yeux que je devinais phosphorescents derrière les planches.

En fait, nul n'existait vraiment pour lui, si invisible que son indifférence restait furtive.

Même ces odeurs répugnantes, qui s'échappaient en trombes de l'arrière salle où étaient entreposées les moules sèches, le laissaient de marbre.

Attendre...
Tel était le destin choisi...
Par fidèlité plus que par espoir.

premier thème: attente dans un bar... par Sibylle Mercier

NICE SEZAMO

Geisha d'après-guerre, sublime, solitaire,
Sur un tabouret. Croisées, ses jambes hautes, sont,
Revêtues de bas violine se reflétant dans son verre.
Les yeux perdus dans la nébuleuse des néons.

Au fond de ce cloaque,
Elle se questionne car elle le plaque.
Préféré-je vivre seule, à l'attaque,
Ou ai-je besoin d'un homme, d'un mac?

C'est le tic, c'est le tac,
C'est le métronome des mac',
Ses manques hystériques c'est tic,
Sa vie-arnaque c'est tac.

Qui vire à gauche, à droite,
Monotone aiguille du métronome.
Noire, noire, noire, noire,
Chant intime d'une dame-madone.

Un homme élastique le zinc astique.
Sur le bar blaâfard, un vieux cafard.
Margharita coca et curaçao,
En salle on attend les conso.

Col blanc stressé par le rendez-vous d'affaires,
Shérif moderne, vous esquissez un sourire de loup.
Les pétrodollars sont venus se rendre à vous.
Femme-violette, tu te demandes à quoi ça sert!

Dans l'attente de faire connaissance,
Ou que grimpe encore le prix de l'essence,
L'entrevue platonique d'un couple éphémère,
Mots vides échangés autour d'un verre.

Un étalage impudique,
Leurs traits d'esprit fatalement " critiques",
La quête de l'amour, obsédante,
Comme une musique envoûtante.

C'est la tectonique fade et comique,
D'une tactique mécanique,
Horloge électronique,
D'une histoire romantique.

premier thème: attente dans un bar... par waaayli

Dans de ce bar obscur, je n’aime pas l’image que les miroirs me reflètent…

Je me connais si belle à la clarté du jour… on m’a prise la première fois sous des milliers de lampes et en témoin, le soleil promettait ma pureté cristalline… je fus confinée par la suite à de sombres usages, à changer de supports et à supporter la variété… à rêver d’appartenir à vie plutôt que de détailler cette vie qu’on m’achète…

J’aimerais tant partir de ce bar… recouvrer l’éclat du jour ou partir en éclat… le quitter en débris ou en cachette… que ne ferais-je pour que vienne m’emporter un homme aux mille vices m’infliger le supplice de ses caresses, de ses attouchements quand, dans un coup de langue qui réitère son envie, sa bave dérange ma mine surfaite…

Je me dis qu’il me viendra le temps où je ne serais plus alignée entre autres racoleuses à l’opacité prononcée, l’habitude nébuleuse… où je ne me vendrais pas au premier venu pour qu’il noie en mon sein le désarroi de sa vie, qu’il me susurre les histoires du monde d’au-delà de la vitre opaque puis m’abandonne à ma faim, une fois assouvi… sans me faire l’avance que je guette…

J’attends dans ce bar et chaque soir je m’impatiente à couvrir mes courbes d’une main avide, d’une bouche amère au suçon sévère… je me livre sans réserve, je me déverse à m’en souiller le revers, ne m’arrachant le cri qu’une fois vide… j’enivre et me soûle pour oublier le bar, la nuit et la foule et me coucher toujours insatisfaite…

J’attends désespérément ce sauveur qui m’emporterait loin de mes pairs… érodée par d’autres mais aimée de lui, j’écumerais à lui seul ma mousse à la lie… pour peu qu’il ne soit pas criblé de dettes ! Parce que fine je suis et ce n'est qu’au Champagne qu’on remplit la fluette !

J’attends dans ce bar, rangée sur le comptoir… la barmaid me prend puis me repose, les autres coupes arrosent et moi j’attends mon tour… rêvassant aux lumières du jour, aspirant à quitter le bar dans un écrin de velours… et plutôt qu’en souffre-douleur, offrir mon éclat et mes lueurs dans une ambiance de fête…

premier thème: attente dans un bar... par houda

Et d'attendre...

L’ambiance est feutrée. Les lumières, un peu trop tamisées à mon gout, et la musique, à la Bouddha Bar, font que l’attente dans cette ambiance flegmatique ait quelque chose d’agaçant.
Je l’attends depuis un quart d’heure déjà, perdue dans des pensées angoissantes à l’idée que mon supplice puisse durer éternellement.
Il me fait me languir à chaque fois et toutes les fois je le retrouve avec une joie immense et un désir toujours inassouvi. J’ai tant de fois essayé me sevrer de cette appétence qu’il insuffle en moi, oublier jusqu’à son existence. Il me tient, hélas, en haleine et me fais son esclave, toujours dévouée, jamais rebelle.
Le barman me regarde du coin d’œil avec un sourire narquois et les filles, attablées seules ou avec des entremetteuses, me scrutent l’air désabusé de celles qui ne peuvent concevoir la raison de ce feu qui flamboie dans mes yeux.
Je me souviens subitement de notre première rencontre. J’avais vingt ans. Apprentie sybarite à mes heures perdues, je voulais croquer dans la vie à pleines bouchées, sucer jusqu’à son suc et la dénuder de ses masques grotesques, pour retrouver en elle la pureté du plaisir parfait. C’est là que je fis mon baptême du vice, ce seul vice d’encore et toujours courir à grande enjambées vers lui, celui là même qui me fait perdre la tête et tous mes moyens pour me jeter tête baissée, yeux ragaillardis, conscience ensevelie, dans des gouffres sans fonds.
Un bel homme s’approche de moi, m’épiant de la tête aux bouts de mes bottes coruscantes. Il s’attarde un instant sur ma bouche entrouverte, affichant une soif de ce traînard qui me fait tant espérer, une avidité que je ne saurais receler, car apparente jusqu’au dans le tremblement de mes lèvres à la seule idée de caresser enfin son souffle brûlant.
L’homme pose ensuite ses beaux yeux azurs sur mon décolleté désobligeant, défiant les regards intrépides et les envies incommensurables, de palper, toucher, téter, de tous ces hommes dégustant leurs spiritueux avec un dédain et une gratitude mélangés.
Il fait mine de vouloir prononcer un mot, peut être un compliment, probablement une avance. Il se sauve au moment ultime quand il comprend, par je ne sais quelle clémence de son destin, que toute tentative échouera sur l’île indélébile de mes refus entassés depuis l’aube des temps. Les hommes, je ne les aime que peu ou prou.
Une querelle étouffée se déclenche entre une jeune femme parée d’or et d’un rictus exécrable qui fait office de sourire forcé et son affable compagnon dont la tristesse vraisemblable le voile d’une aura vert émeraude. Ils se chamaillent pour des futilités, des vétilles qui font le quotidien et défont le grand lit du fleuve qui coule en assommant nos grains de résistance. Elle fini par laisser s’échapper une larme de circonstance et lui par embrasser son coude. Leurs rires sonores reprennent de plus belle comme revivifiées par quelques colères enfouies.
Le temps passe, lentement, douloureusement, dans l’attente de l’objet de tous mes désirs, le désir de tous mes délires.
Un autre regard de désespoir lancé promptement au barman et je recommence à scruter les visages, absente, lointaine, m’égarant sur les tumultueux chemins des souvenirs.
Il y a dix ans que je le pris pour la première fois, corps et âme, m’enivrant au seul relent de ses effluences, me délectant à satiété de sa compagnie…me perdant à jamais en lui et lui en moi se dissipant.
Je me souviens de ces journées léthargiques à l’université à graver son nom sur mes cahiers d’étudiante, sur les écorches des arbres aux nuits de pleine lune, sur les copies d’examens que je ne réussis jamais. Je voulais le marquer au sang dans ma mémoire, au fer dans mon cœur, tel que jamais rien ni personne ne puisse me le faire oublier.
Et je ne l’oublie jamais. Quand il n’est pas entre mes mains, il est le roi de toutes mes réflexions, le seigneur incontesté d’une vie toute à son honneur consacrée.
J’ai adulé d’autres, beaucoup d’autres, sans jamais vraiment les aimer, les adorer. Après tant d’années, dans ses jupons accrochés, je sais aujourd’hui que je n’aime que lui.
Lui, mon verre de Whisky…

premier thème: attente dans un bar... par ml

Happy-hour

- Allo ? C’est moi…
- ….
- il y a quelqu’un ?
- … 0 ui, oui, je suis là... Qui est à l’appareil, sil vous plait ?
Il avait posé la question juste pour se donner un peu de courage. Quelle surprise ! Même si le numéro affiché sur son portable ne lui disait rien, il l’avait reconnue depuis le début. C’était « elle ». « Elle » était la seule à le lui lancer à chaque fois au téléphone ce « Allo ? c ‘est moi… » unique. Il n’avait pas entendu cette voix, « sa » voix, depuis … au fait, depuis quand ? 20 ans ? 25 ans ? Il ne savait vraiment plus. Ça faisait longtemps qu’il ne comptait plus. Mais, il n’avait aucun doute : c’était « elle ». « Elle », c’était son premier amour. Son premier mais, aussi, son dernier amour.
- Allo ? Tu es toujours là ? Tu ne m’as pas reconnue ?
- … Non… enfin, si. Bien sûr, je sais que c’est toi …ça fait un bail…
- …Oui, je sais. Mais j’avais envie de te parler. J’ai envie de te voir… te revoir… C’est possible ?
- …. Bien sûr, bien sûr… mais, pas maintenant… je suis au travail…
Il avait parlé d’une manière maladroite, irrégulière, saccadée, un peu comme ce jeune homme timide qu’il avait été au temps où il l’avait connue, il y a… 20, 25 ans …
- Mais, je ne t‘ai pas dit : tout de suite. Tu sais, je travaille moi aussi. On pourait se retrouver, disons vers 19h30, ça te va ?
- Où ?
Il avait posé la question si vite qu’il en était le premier surpris. En fait, il avait attendu cet appel durant de nombreuses années, puis, désespéré, il avait fini par renoncer. Et voilà qu’aujourd’hui, non seulement elle l’avait appelé, mais, en plus, elle lui proposait un rendez-vous ! Une rencontre ! Ce moment, il l’avait envisagé, imaginé, rêvé, des centaines de fois. Mais, en même temps, il le redoutait, le craignait, il en tremblait presque à chaque fois que l’idée effleurait son esprit.
- Au Bar « L’excuse ». Tu sais où c’est ?
- Oui, oui, bien sûr…
- Alors, donc, on dit à tout à l’heure !
- C’est ça, oui, à tout à l’heure.
C ‘était elle qui avait raccroché la première. Comme d’habitude, comme avant. Lui n’aurait jamais osé. Au temps où ils étaient ensemble, c’était toujours elle qui prenait toutes les initiatives, toutes les décisions, y compris celles qui le concernait personnellement.


Bar « L’excuse » ! D’abord, n’étant pas, ou plutôt, n’étant plus, porté sur la chose, il ne savait pas où se trouvait ce bar. Il avait dit oui juste pour ne pas passer à ses yeux pour un ignorant. Au fond, il était autant surpris par son appel qu’il était intrigué par le lieu de rendez-vous qu’elle lui avait proposé. Un bar ?!? Elle qui n’aimait ni boire, ni même voir les gens boire, donner un rendez-vous dans un bar ! Comme c’est étrange ! Et comme tout change ! Il n’avait jamais pu oublier ce jour maudit où tout avait chaviré. Elle avait reçu son diplôme de fin d’études et elle en était très fière et très heureuse. Pour fêter l’événement, il avait réservé une des salles du campus et avait invité tous leurs amis communs. Alors que la fête bâtait son plein et que tout le monde, plus ou moins éméché, à commencer par lui, chantait et dansait, il avait pris la bouteille de champagne qu’il avait spécialement achetée à cette occasion, et s’était dirigée vers elle en titubant dangereusement. Arrivée à son niveau, et sous son regard interrogateur et réprobateur, il avait rempli une coupe à raz bord, et lui avait tendrement offerte avec un large sourire. Instinctivement, elle lui avait arraché la coupe des mains et l‘avait lancée violemment par terre. Elle se fracassa en mille morceaux. Aussitôt après, elle avait prudemment enjambé les débris de verre et avait quitté la salle en claquant la porte. Il avait beaucoup regretté son geste qu’il avait reconnu à la fois stupide, déplacé et maladroit. Le soir même, il avait essayé de lui présenter ses excuses, mais en vain. Ce n’est que plusieurs jours plus tard qu’elle lui avait pardonné, après qu’il se soit engagé, sur son honneur, de ne plus boire. Après leur réconciliation, elle lui avait longuement expliqué les raisons réelles de son attitude lors de cette soirée. C’était à cause de son père. Suite à un grave accident de la circulation qu’il l’avait rendu handicapé à vie, il était devenu un grand alcoolique. Il avait beaucoup souffert et avait fait beaucoup souffrir toute sa famille. Il est mort quelques années plus tard d’une cirrhose aggravée. Elle avait à peine 15 ans. Elle l’aimait beaucoup et ne s’était jamais remise de sa mort. Tout en se souvenant de tout cela, il n’arrivait pas à expliquer ni ce surprenant appel, ni, encore moins, cet étrange rendez-vous dans ce bar. Pourquoi pas un grand café, ou, mieux, un salon d’un palace ? Elle ne doit quand même pas manquer de moyens ! Il se rappelle bien que, deux ou trois mois après leur séparation « forcée », elle avait épousé un grand avocat d’affaires qui était, disait-on, riche comme Crésus, mais, également, vieux comme Noé et moche comme le bossu de Notre Dame. Oui, c’est vrai, il n’avait jamais aimé son mari, cet intrus qui lui avait pris sa si tendre bien-aimée et lui avait définitivement gâché sa vie. Mais, au fond, ce qu’il n’avait jamais accepté, c’était la rupture unilatérale. Et voilà qu’aujourd’hui, 20 ans plus tard, - ou 25 ans, quelle importance ? - elle l’appelle et lui donne rendez-vous, et en plus, dans un bar ! Elle ne savait sûrement pas, ou devrait s’en douter un peu, que non seulement il était marié, qu’il avait 3 enfants dont un presque fiancé, mais, surtout, qu’il avait, depuis très longtemps, définitivement arrêté de boire. En fait, juste après leur séparation, il avait connu une période d’alcoolisme poussée à l’extrême et qui avait débouché sur une dépression sérieuse qui avait failli lui être fatale. Dès qu’il avait réussi, très difficilement d’ailleurs, à « s’en sortir », il avait décidé de rentrer … dans les ordres. En vérité, il avait pris cette décision sur les conseils insistants de voisins compatissants ou manipulateurs, ou, peut-être, les deux à la fois. Oui, il est devenu un musulman pratiquant, très pratiquant, trop pratiquant même, au point que tous ses amis l’avaient aussitôt rejeté après l’avoir accusé d’être un « islamiste ». Il ne s’en était pas offusqué, bien au contraire. Il était heureux, il était aux anges. Ou, comme il disait de temps en temps à ses nouveaux compagnons en plaisantant, il se sentait « comme au paradis ». Mais, aujourd’hui, après cet appel inattendu de celle qu’il avait aimée à en mourir et qu’il n’avait pas revue depuis si longtemps, et après cette proposition de rencontre qu’il avait tant espérée, il ne savait vraiment pas quoi faire…
La revoir, il en avait très envie, et il le reconnaît, mais, dans un bar…
Pendant ce temps, elle, une cigarette aux lèvres et la mine défaite derrière un maquillage exagéré, était déjà au comptoir et l’attendait. Elle était à son 5è whisky, mais, il faut le dire, un peu malgré elle. En effet, à chaque fois qu’elle commandait un verre, on lui en servait deux. Et quand elle avait demandé une explication, on lui avait répondu que ce soir-là, comme chaque soir, à cette heure-ci, au Bar « L’excuse », c’est le Happy-hour.
Happy-hour ! « L’heure heureuse » ! avait-elle traduit en silence, un mystérieux sourire en coin.
Pour la première fois, depuis de longues années, elle s’était remise à espérer…
Pendant ce temps, lui marchait tout seul dans la nuit, perdu dans ses songes et ses interrogations.
« Mon Dieu, dis-moi ce que je dois faire », marmonnait-il pour la nième fois en égrenant le chapelet d’ambre qu’il ne le quittait jamais.

Mohamed Laroussi
Casablanca le 20 Octobre 2008

premier thème: attente dans un bar... par kb

Affreux délices sous l’attente

Strates et paillettes, parchemins d’un besoin ancestral, creusaient l’appel dans ma chair. Ondulation, bar-made imitation chinoise, et de ses hanches elle jeta l’ancre sur le suave calculé de mon regard. Tant de ports où ne mouillera jamais mon train…devis infernal qui me chantait son refrain…

Tant de fois j’ai freiné et réfréné à m’en user les patins…jusque dans la roulure.

- « une spéciale…bien glacée… »

A petites gorgées je buvais mon mal en patience. L’attente s’est faite salope dans sa robe rouge néon déversant sa mousse baveuse sur mes ongles qui grattaient l’impatience

- « vous attendez quelqu’un ? »

Coup de sifflet de l’arbitre dans un match de troisième division blindée toute en rondeurs et fragrances taïwanaises. Je contemplai un moment les attributs footballistique de la potentielle remplaçante. Je voulus que l’attente soit retard. Que le retard fasse absence. Que l’absence devienne obscène et que je fusse enfin couronné meilleur acteur X de l’année…juste pour l’anonymat. Les applaudissements m’en montaient déjà dans les reins et l’oscar tant chéri par ces dames dressait fièrement son césar dans les sombres replis de la toge d’un Ego ne recherchant qu’un sein pardon…et c’est toujours à ces moments que retentit le gong du salut

« coucou !....j’ai pas trop tardé j’espère ? »

Il est des jours où l’on aimerait être train…déboulant sur le passage non gardé qui mène au troquet du coin où tant de morts né auraient pu voir le jour

« salope !...me refait pus jamais le coup du lapin…la levrette est plutôt facile dans le coin… »

Rires

Sous rires et clin d’œil de la barmaid qui s’en alla achalander plus loin

Hélas…les histoires ne finissent pas toujours bien


kb...le tant attendu

Ecrivons donc!

Ecrire n’est jamais une simple entreprise. Cela nécessite souvent beaucoup d’imagination et peut être pour certains une certaine assiduité…sans oublier le don, celui là même qui nous donne l’impression que l’écriture n’est qu’une autre forme de respiration.

Mais l’acte d’écrire suppose aussi qu’il y a lecture a priori ou a posteriori.

Le groupe FaceBook 'Ecrivons donc!' est un espace pour ceux qui, mordus de belles lettres ou de barbouillages insensés, voudraient se retrouver pour délirer ensemble, créer chacun de son côté et partager une passion…torride!

Voilà, c'était une présentation succinte d'un atelier d'écriture crée initialement sur FaceBook. Sur ce blog nous allons partager les textes que les uns et les autres auront pondu.

Vous, cher lecteur, êtes par contre invité à critiquer massivement, car c'est votre avis nous importe beaucoup, mais vous êtes aussi convié à participer au group pour partager cette passion qu'est l'écriture.

A très vite!